sommaire
1. La construction isolée en paille pour une performance environnementale globale
La construction bois paille est de plus en plus évoquée au vue des enjeux climatiques actuel. Tout d’abord, il faut savoir que plusieurs céréales produisent ce que nous appelons communément la paille. Cette dernière, qui est utilisable dans la construction provient du blé, du seigle, de l’orge, de riz ou de la lavande.
Compressée au sein de bottes de paille, elle constitue un isolant thermique performant utilisée en remplissage de murs, toitures, planchers.
Enjeux climatiques
Au même titre que le bois, ces céréales absorbent lors de leur croissance du CO2 et rejettent de l’O2 dans l’atmosphère.
Ce cycle se termine par la libération du CO2 absorbé lors de la décomposition des plantes. Pour interrompre ce processus et générer un apport positif en oxygène, le stockage de la paille, notamment à travers son utilisation dans la construction, apparaît comme une solution particulièrement pertinente. Ainsi, la construction bois-paille s’inscrit pleinement dans cette démarche en réponse aux défis climatiques.
Confort thermique naturel
Contextualisons les faits : l’humain cherche à satisfaire des exigences élevées de confort thermique dans son habitat. Cependant, les solutions conventionnelles à cette demande se révèlent inadaptées au cycle naturel. Cela contribue donc à un ensemble incohérent et absurde, dont l’humanité subit déjà les conséquences aujourd’hui. C’est dans ce cadre-là, que l’ L’intérêt de l’utilisation de ce sous-produit agricole devient encore plus évident.
Paillons! Le mot est dit. La paille comme matériau isolant s’avère parfaitement pertinente pour répondre à nos besoins d’habitats confortables thermiquement, offrant un environnement plus en phase avec le milieu naturel.
Faible énergie fossile
Si la paille est vertueuse aujourd’hui, c’est que le procès de transformation pour anticiper sa mise en œuvre comme isolant dans l’habitat est très peu coûteux en énergie fossile. Cela grâce à la simplicité de sa transformation avant la mise en œuvre (mise en botte) et sa relative bonne disponibilité sur le territoire.
Les seuls process nécessitant de l’énergie fossile étant la botteleuse de l’agriculteur et le moyen de transport (Bien sûr vous pourrez toujours imaginer rouler les bottes à la main du champ au chantier, mais la botte ronde n’est pas vraiment adaptée à une mise en œuvre efficace…)
Dynamisme social
De plus, la construction mettant en œuvre la paille comme isolant est aussi vecteur de dynamisme social. En effet, ce processus active les réseaux humains locaux.
Compostables
Dernier argument (de taille!) pour introduire le sujet avant de passer à la technique, la paille se composte en fin de vie. Elle disparaît naturellement sous l’effet d’un travail bactérien naturel. Ainsi pas de génération de déchets encombrants dont devront hériter nos enfants.
La paille de blé (objet de ce post), est la plus couramment utilisée dans le domaine de la construction. Cela s’explique par le fait que le processus de mise en œuvre a fait l’objet d’un document officiel reconnu des assurances. Ainsi la paille de blé est entrée dans la gamme des matériaux dits « traditionnels ». C’est-à-dire entrant dans les préconisations ouvrant au droit à la couverture décennale selon certaines conditions de formations des poseurs et concepteurs.
Les pailles en provenance d’autres céréales sont tout à fait adaptées et présentent même pour certains des performances thermiques supérieures à la paille de blé. Malheureusement, ces autres pailles n’ont pas fait l’objet de documents techniques et leur usage reste expérimental auprès des compagnies d’assurance à l’heure actuelle.
2. Construction bois paille : la mort du mythe (..des 3 petits cochons)
Concevoir un ouvrage en construction bois paille est aujourd’hui réalisable à tous niveaux, qu’il s’agisse d’habitats individuels comme de programmes tertiaires, industriels, etc..
Si l’on construit son habitat pour soi, les techniques de mise en œuvre peuvent rester tout à fait expérimentales et hors prescription technique officielle. Mais pour une construction destinée à terme à la vente, ou réalisée pour un tiers (privé ou public), il est obligatoire dans certains cas de respecter le cadre technique des règles professionnelles de mise en œuvre de la paille. Ce cadre est mis au point par le Réseau Français de la Construction en Paille (RFCP.fr). Réseau qui travaille actuellement à la reconnaissance d’autres pailles issu d’autres céréales.
Le document technique regroupe les techniques, conditions et obligations auxquelles répondre pour prétendre à une «construction durable ». C’est à dire des constructions dont la pérennité dans le temps doit faire loi.
Tous les types de bâtiment sont légalement « isolables » en paille aujourd’hui. Cela à condition de respecter les préconisations techniques définies dans les « règles professionnelles de construction en paille ». La garantie décennale couvre toutes mises en œuvre de la botte de paille par une personne ayant suivi une formation « Pro-Paille » et respectant ces règles aujourd’hui validées par les compagnies d’assurance.
3. Les caractéristiques d’une botte de paille
Une botte de paille a une densité située entre 80 et 120 kg/m3. Pour ces dimensions : plus ou moins 1m en longueur, 47cm en largeur et 36cm en hauteur. La teneur en eau doit être selon les règles professionnelles inférieure à 20%.
Le BOIS son ami..
Une double structure en bois poteau-poutre-charpente permet d’insérer les bottes de paille posées sur chant, à plat ou verticalement, en quinconce ou empilées les unes sur les autres de manière jointive. Cette disposition assure à la fois le rôle de remplissage et d’isolation de la paroi. Les dimensions des bottes sont légèrement supérieures aux dimensions des volumes dans lesquels elles sont insérées. Elles sont également mises au plus près des ossatures et des parements, de manière à ne laisser aucun jeu. Les vides éventuels de la structure doivent être comblés.
Deux grandes techniques reconnues de mise en œuvre du matériau paille existent : la paille posée sur chantier dans un mur ossature bois spécifique et la préfabrication de caissons. Les deux techniques consistent en la mise en œuvre de cette isolation au travers de bottes. Elles sont disponibles chez les agriculteurs disposant de botteleuses adaptées, chez des grossistes spécialisés ou par le biais de fournisseurs de murs bois qui disposent de leurs propres réseaux d’approvisionnement.
4. La paille sur chantier
Avantages
Cette première technique est la plus courante. L’isolation en paille est mise en place dans des murs ossature bois sur place (construction sur chantier). Autrement dit, il s’agit d’insérer entre des montants ossature bois des bottes de paille sur site. Bien souvent le panneau de contreventement de ces murs ossature bois se trouve à l’extérieur. Ainsi, cela va permettre la pose d’un revêtement du type de bardage conventionnel. Le revêtement peut-être en bardage bois, mais aussi en bardage acier ou tout autre bardage. (Voir notre article sur les différentes options de vêtures en ossature bois).
Concernant la mise en œuvre, l’expression bien connue des constructeur bois :« de bonnes bottes et un bon chapeau » s’applique pleinement pour les bâtisses isolées en paille.
Par ailleurs, cette technique sur le chantier permet de travailler avec de la terre crue en intérieur.
A savoir que l’utilisation de la terre crue en intérieur à plusieurs intérêts. Premièrement, au niveau de l’inertie que peut apporter la terre à l’intérieur du bâtiment. Ensuite, l’aspect naturel du revêtement (enduit en terre crue–argile). Ou encore dans la qualité hygrothermique de l’espace intérieur. Cependant, il y a des inconvénients qui sont également à prendre en compte en amont. Par exemple, il faut prévoir un temps de séchage de la terre avant de pouvoir continuer le chantier. Effectivement, selon les saisons la terre va mettre plus ou moins de temps pour sécher. Cela ira de quelques semaines par temps sec à un bon mois selon l’épaisseur de terre enduite sur la paille.
L’argile dispose de nombreuses propriétés. Celle que j’aime le plus à rappeler est que c’est un revêtement qui absorbe les mauvaises odeurs mais surtout offre un intérieur naturel et des plus sains.
Mise en garde
Anticiper les problématiques chantiers : considérer en amont les dimensions des bottes de paille permet de faciliter la mise en œuvre et d’éviter de redimensionner les bottes de paille sur chantier. Effectivement, il s’agit là d’un travail laborieux mais tout à fait possible.
5. Paille en caisson : mur ossature bois préfabriqué en atelier
Avantages
La technique plus facile à mettre en œuvre est la construction bois paille utilisant des murs ossature bois préfabriqués en atelier. Dans ce cas, il s’agit de construire des caissons que l’on remplira de paille. Là encore, en veillant bien à respecter l’ensemble des préconisations techniques réglementaires. On pourra ensuite fermer le caisson en atelier et livrer les pans de murs complets sur site. L’intérêt est évidemment un gain de temps important. De plus, travailler en atelier offre des conditions de mise en œuvre des plus adéquates. En effet, on peut travailler à plat, avec des outils et un environnement favorable à une parfaite mise en œuvre.
Mise en garde
La technique de mise en œuvre du matériau paille en caisson, si elle est plus rapide, impose une largeur de montant correspondant au sens de mise en pose des bottes. Dans les cas les plus courants, on posera la botte de paille sur chant. Il faudra alors envisager des montants de la largeur de la botte soit 36 cm, soit connecté deux montants conventionnels en bois brut, ou travailler avec du lamellé-collé, des montants conçu à partir de panneaux trois plis. Les deux panneaux fermant le caisson sont contreventés, ce qui permet par exemple d’envisager un bâtiment à étage.
