sommaire
1. Introduction
Votre ossature bois est sous la pluie, les structures bois sont à nu, et vous ne pouvez pas faire grand-chose pour y remédier. À ce moment précis, vous vous demandez quelles seront les conséquences pour votre charpente et votre ossature bois dans 1 an, 10 ans, ou 50 ans.
Eh bien, concernant les sections de bois uniquement (hors membrane, panneaux de contreventement, etc.), il n’y aura presque aucune conséquence sur le long terme. L’histoire d’humidité (les variations de l’humidité du bois dans le temps) impacte les structures. En effet, celles-ci subissent un fluage au fil du temps, mais cela ne compromet pas directement la pérennité de l’ouvrage. Tout dépend en réalité de la cinétique et de l’absorption d’eau.
En effet, la teneur en eau naturelle du bois diffère largement de celle qu’il peut absorber ensuite avec l’atmosphère ambiante. Les industriels réduisent la teneur en eau naturelle du bois par séchage artificiel, ce qui a un impact sur le fluage des bois à long terme. Le second impact est très faible, car il n’affecte que la surface des pièces de bois et ce, uniquement sur quelques journées.
2. Le fluage du bois et la pluie
En 2012, le Laboratoire de Mécanique et Génie Civil (LMGC) de l’Université de Montpellier et la « School of Construction Management and Engineering » de l’Université de Reading (Grande-Bretagne) ont mené une expérience sur l’épicéa de Norvège.
Ils ont soumis deux séries de bois à des variations d’humidité ambiante. Pour ce faire, ils ont chargé les deux séries en flexion en quatre points des sections à des moments différents.
Ils ont d’abord chargé les premiers bois lorsqu’ils étaient secs. Ces bois ont alors subi un fluage* important lors de la première absorption d’humidité. Ensuite, ils ont chargé la seconde série de bois lorsqu’ils étaient humides. Ils ont constaté que le fluage augmentait fortement pendant le séchage, suivi d’une récupération partielle lors de la réhumidification.
In fine, les deux ensembles de bois ont convergé vers la même réponse après quelques cycles alternant période de séchage et d’humidification. En définitive, les résultats montrent que le bois varie très peu en matière de comportement mécanique sur le long terme. Et ce, qu’il soit exposé à une météorologie pluvieuse au départ ou non. Ainsi une pièce de bois tend vers une déformation limite. L’histoire hygroscopique n’est qu’un accélérateur du temps que la pièce mettra pour l’atteindre.
Définitions :
– Cinétique : phénomènes de mouvement d’un matériau.
– Fluage du bois : c’est un phénomène physique de déformation du bois sous une contrainte de charge. La déformation apparaît dans le temps et n’est donc pas instantanée. Le terme de flèche du bois est couramment utilisé pour illustrer le fluage.
– Hygroscopique : Un matériau hygroscopique est un matériau qui absorbe l’
3. Les panneaux préfabriqués d'ossature bois sous la pluie
Toutefois, lors de la réalisation d’un chantier bois, d’autres éléments doivent être pris en compte. Par exemple l’isolant ou les plaques de contreventement des ossatures bois.
Panneaux de contreventement : les plaques de contreventement peuvent être multiples (A lire aussi : Quel contreventement pour un mur ossature bois ?). A savoir qu’elles se doivent de supporter l’humidité. Ainsi des épisodes pluvieux ponctuels ne poseront donc pas de soucis.
Isolant : là les risques sont plus élevés (Lire l’article sur les isolants en ossature bois ici). D’un côté, les isolants minéraux (laine de verre, laine de roche) sont non hydrophiles. Ils pourront donc être séchés sur un temps plus ou moins long s’ils sont ventilés. Mais il ne faut surtout pas refermer un mur sur un isolant mouillé sous peine de détériorer les bois et l’ouvrage. Autrement dit, le temps de séchage peut engendrer des retards. L’idéal étant de changer l’ensemble de l’isolant. D’autre part, les isolants naturels (laine de bois, paille…) ou issus de recyclage (ouate de cellulose) ne sont pas hydrophobes : il faut tout enlever. Dans le cas contraire, cela peut engendrer de gros dégâts sur l’ouvrage (moisissures etc).
4. Les solutions pour les panneaux d’ossature bois sous la pluie
En définitive, la meilleure solution concernant l’ossature bois est d’apporter les murs sur chantier complètement fermés. En effet, l’ensemble des ossatures et de l’isolant doivent être protégés. D’une part grâce à un pare pluie (Lire l’article sur ce sujet ici) ou un support d’enduit, résistant à la pluie, du côté extérieur (Lire l’article sur ce sujet ici). Et d’autre part grâce à un pare-vapeur (ou une plaque de contreventement scotchée) du côté intérieur. Néanmoins, même si les panneaux peuvent résister à quelques averses, une mise hors d’eau rapide de l’ensemble de l’ouvrage reste le plus sûr. Justement, l’utilisation de panneaux ossature bois préfabriqués avec un haut niveau de préfabrication permet cette mise hors d’eau extrêmement rapide.
Autrement, une autre solution consiste à mettre en place dans un premier temps les panneaux ossature bois intégrant seulement la structure (montants et panneaux de contreventement). Et lorsque la météo sera plus clémente installer le reste. A savoir l’isolant, fermer les murs et mettre le bâtiment hors d’eau.
Remerciement à Cédric Montero ( cedric.montero (at)umontpellier.fr ), auteur de l’expérience citée plus haut. Auteurs de l’article et références : Influence of hygromechanical history on the longitudinal mechanosorptive creep of wood. Cédric Montero, Joseph Gril, Clémentine Legeas , David G. Hunt et Bruno Clair. Laboratoire de Mécanique et Gé nie Civil (LMGC), Université Montpellier 2, CNRS, France.